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1746 — MONSIEUR NICOLAS

beau) ; une poule noire, un agneau noir de l’année, un corbeau, une pie et un merle, pour faire un charme avec leur sang mêlé, dans un lieu désert ; † Brûler les entrailles, les pattes, les têtes, les peaux ou les plumes, excepté la peau du chat noir ; en jeter une pincée du côté des quatre vents cardinaux, en disant : « Esprit qui souffle, souffle sur moi ! » † Emporter le reste des cendres pour le mettre infuser dans quatre pintes de vin blanc ; † Faire cuire sur le gril ou sur les charbons, dans une chambre obscure, ou, mieux encore, dans une maison abandonnée, le reste de la chair des animaux, à l’exception de l’agneau noir, qui sera laissé entier dans l’endroit désert, pour la part du Diable ; † Pendant que les viandes cuiront et que la chambre sera toute pleine de fumée, mettre devant soi une seille pleine d’eau, dont on verra le fond, tant l’eau sera claire ; † Boire en y regardant, et sans manger, deux des pintes de vin blanc, où les cendres infuseront ; † Attacher au plancher une lampe au-dessus de la seille, laquelle lampe fasse ombre sur l’eau et clarté autour, † Et regarder dans, l’eau, par la peau du chat noir, après avoir bu le dernier verre des deux pintes. † Alors on y verra immanquablement le Diable. On lui parlera et il répondra. † Et si l’on est deux, dont l’un n’ait pas bu, celui-ci entendra, mais ne verra pas.

Courtcou saura profiter habilement de cette dernière circonstance ; il savait que je ne pourrais achever le premier verre de vin. Il exécuta donc, à peu prés, tout ce qui était prescrit. Il tua le beau chat noir à ma mère, une belle poule, un bel agneau noir, dont sans doute François, qui nous apporta le corbeau, le merle et la pie, eut la part au Diable.