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1746 — MONSIEUR NICOLAS

Mon enfant, pendant toute votre vie, songez à bienfaire aux autres, afin qu’ils vous bienfassent. Aimez-vous à étudier, à savoir ? — Ho oui ! » répondis-je à J. Restif ; « je voudrais tout savoir ; ce qui arrivera… dans un an ! voler en l’air ; toutes les histoires du monde ; tous les contes qu’on fait dans tout le monde… — Ha, ha ! vous aimez les contes ? — C’est si joli ! je suis si aise pendant qu’on les conte ! — Mais voudriez-vous savoir des choses utiles, comme les affaires ; savoir décider qui a tort ou raison, dans un procès ; connaître les arts, la peinture, la sculpture ; les sciences, comme les calculs, la mécanique, la géographie, la géométrie, ou l’art de mesurer les terres, comme l’arpenteur ? — Je ne sais pas. — Vous ne sauriez en effet m’entendre ; il faut connaître, pour désirer ; et vous ne connaissez pas tout cela. Entendez-vous cette idée naturelle, Il faut connaître pour désirer ? » Et comme je ne répondais pas, il continua : « Par exemple, vous aimez les contes ; mais avant qu’on vous eût fait le premier, vous ne les désiriez pas comme aujourd’hui, parce que vous ne les connaissiez pas ? — Oui, oui ! je, vous entends à ç’t’heure : Avant que je vis Edmée Boissard, je ne songeais pas à elle, pas un brin. » J. Restif sourit : — « Vous me comprenez, je le vois[1]. » En ce mo-

  1. Quod latet, ignotum est ; ignoti nulla cupido :
    Fructus abest, virtus cum sacra teste caret.
    Tu licet Thamyran saperas atque Orphea cantu,