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1746 — MONSIEUR NICOLAS

des dispositions au vice ? — Non ; mais il ne faudra pas lui donner l’état de son frère. Il aime les femmes ; ce n’est pas vice, mais c’est un penchant qui est toujours prêt à le devenir : comme la pauvreté, qui n’est pas vice, tient les pauvres toujours à la veille d’être fripons. L’homme sage, à force de soins, peut éviter la pauvreté ; mais pour régler le penchant aux femmes, il faut une expérience qui vient toujours trop tard. — Je le ferai instruire, » reprit mon père ; « après nous verrons » ce qu’il sera à propos de faire de cet enfant. Le fond est propre à l’étude, vous me l’assurez ? — Je vous l’assure. »

C’est tout ce que je pus entendre de leur conversation, que je compris à peine alors ; mais qui depuis m’est revenue, comme je la rapporte ici.

Dernière bergerie.Le lendemain, je fus obligé de conduire aux nière champs le berger Larivière, qui ne connaissait pas notre finage. Celui-ci ne m’entretenait que de la manière dont on arrange le bois des trains qui viennent à Paris ; des dangers de la rivière et des pertûis ; de la pêche, etc. Mon cousin Jean Merrat, neveu de ma mère, était son héros : il me racontait de lui, pour la pêche, des choses étonnantes ! Il plongeait dans les fosses, formées dans les petites rivières par la chute d’un courant. Il m’assura que Jean restait sous l’eau des temps assez considérables, pour prendre de gros poissons dans les sinuosités des roches, les attacher à sa jambe, et remonter avec sa pêche. En effet, ce bon garçon, sa mère et sa sœur Babet