Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

six en bled, six en orge ou avoine, et six en sombres ou jachères. Ce qui devait rapporter à peu prés pour les nourrir, en travaillant : l’arpent de vigne devait payer les tailles, abreuver et mettre quelques sous dans la poche du mari ; pour la femme, elle avait le profit de son filage, la laine de sept à huit brebis, les œufs d’une dizaine de poules, et le lait d’une vache, avec le beurre et le fromage qu’elle pouvait en tirer : Covin avait sa maison et son jardin. Je n’entre dans ce détail, que pour donner une fois pour toutes une idée de la fortune du paysan ordinaire de Sacy, ainsi que de toute la Basse-Bourgogne, et montrer combien il m’eût été facile d’être heureux dans leur état. Il en est d’un peu plus pauvres, et d’un peu plus aisés : mon père, par exemple, possédait pour cinquante mille francs de fonds de terre, tant à Sacy qu’à Nitry et Accolay (j’ai eu six mille livres pour mon treizième, les valeurs étant augmentées, lors de son décès) ; M. Rameau, pour plus de cent cinquante mille livres ! Thomas Piot pour environ six mille livres, etc. Mais le général ressemble à Covin : avec cinq cents livres de fonds, un cultivateur vit, chez nous ; avec moins, il souffre ; avec le double, il est aisé. Mais Covin était en outre tisserand, sa femme avait du travail auprès de lui ; son sort devait par conséquent être assez agréable. Ajoutez qu’il avait une sœur gouvernante du pasteur, laquelle possédait autant de fonds que lui, et qui amassait un petit pécule, dont il était l’héritier naturel : Covin était un excellent parti pour Marguerite