Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/121

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également une doctrine dure, atroce. Pourquoi, ah ! pourquoi les Jésuites ont-ils combattu les uns et les autres en fous, en insensés, en misérables charlatans superstitieux ? la raison est-elle donc étrangère à tout homme de parti ? Mille fois j’ai été prêt à me jeter entre les bras des Jésuites, et toujours la droiture de mon sens et ma raison m’ont retenu !

Je reviens à l’exposition relative à mes deux camarades, pour ne plus parler que de moi… Huet et Melin me jalousaient, l’un par solidité, l’autre par imitation. Les barbares meurtriers de l’esprit et de l’âme de ces pauvres enfants, pour les consoler sans doute, et se les concilier, m’accablaient de ridicule et de mauvais traitements[1]. J’étais honni, moqué, aux moindres fautes. On surchargeait ma mémoire : le matin, mes deux camarades avaient trois quarts d’heure, pour apprendre douze versets du Nouveau

    Confessions l’ont dévoilé. S’il y a dit vrai, c’est un monstre, qui voulait justifier les plus grandes atrocités, entre autres celle d’avoir perdu ses enfants : action abominable, puisqu’elle est contraire à la nature ; exécrable par la justification qu’en prétend faire l’auteur ! Après une telle infamie, il aurait dû se contenter de dire : Je n’ai pu les nourrir ; on n’aurait du moins eu pour lui que le mépris attaché à l’incapacité. » Pur sophisme ! l’aveu de la vérité est sublime.

  1. Pourquoi donc les avez-vous peints différemment dans la Vie de mon Père ? … — Je n’ai pas menti : j’ai dit ce qu’ils font pour certaines gens, et surtout pour leurs paroissiens ; je dis ici ce qu’ils ont été pour moi, pour Huet, pour Melin. je ne mens jamais, quoiqu’il m’arrive ailleurs de réticer.