Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/154

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donner entre deux portes à son jeune mari, qui avait répondu par un attouchement à nu très expressif ; le rappel des charmes délicats et de la parure voluptueuse de la ville ; enfin, et surtout l’objet présent, tout se réunit pour allumer mes désirs ; je sentais dans mon sein un feu dévorant : — « Il me semble, » dis-je à ma compagne, « qu’on ne saurait avoir un plus joli pied ? » Marguerite sourit, en répondant : — « Allons-nous-en ! — Un moment encore ! » Et je la retins avec force, car je commençais d’être très vigoureux. — « Eh bien ! eh bien ! je le veux ; causons. » Je passai le bras droit autour de sa taille ; mes yeux pétillaient ; j’osai l’embrasser. Elle s’effraya : — « Monsieur Nicolas ! Monsieur Nicolas !… Allons-nous-en ! — Non, non ! » dis-je d’un ton animé qui augmenta sa frayeur. Je l’embrassai de nouveau avec une véhémence inexprimable… — « Que faites… que voulez-vous, méchant enfant ? » me dit-elle. — « Je veux… je veux… » (J’osai exprimer ce que je voulais). — « Non, non, mon enfant ! Non ! Monsieur Nicolas ! c’est un péché. — Hé ! non, non ! — Si, en vérité ! c’est un péché… Allons-nous-en ! » Je la serrais à l’étouffer… — « Mon cher enfant ! » me disait-elle, « vous vous préparez des remords !… Un jour, si vous êtes pour épouser Jeannette… » Elle fut interrompue par la vivacité de mes entreprises. Elle se défendait aisément de l’attaque maladroite d’un adolescent, que sa trop grande ardeur même rendait peu redoutable. — « Allons-nous-en, mon fils ! » répétait-elle. Alors,