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Les lettres que l’Académie des inscriptions et belles-lettres et la Société des antiquaires de France voulurent bien m’accorder me fournirent le moyen de vérifier ce texte et de hâter la divulgation du trésor. J’obtins avec la plus grande difficulté, à la suite de longues démarches[1] et de deux voyages successifs à Rome, de voir la fameuse arche de cyprès de Léon III, contemporain de Charlemagne, et son précieux contenu, que S. E. le Cardinal Secrétaire d’État finit par me permettre très libéralement d’examiner et de photographier. Le passage de Jean Diacre était exact de tous points : les croix et coffrets mentionnés par lui étaient encore là après un intervalle de huit siècles, avec quelques autres objets ajoutés depuis le XIIe jusqu’au XIVe siècle. J’ai eu l’honneur de communiquer, le 1er juin dernier, les photographies de tous les reliquaires à la séance publique de l’Académie des inscriptions, qui en a eu ainsi la primeur dans le monde savant. Plusieurs des pièces de ce trésor sont d’une grande richesse, d’une valeur artistique de tout premier ordre et d’une antiquité très reculée. Aucune d’elles n’avait été jusqu’ici ni décrite, ni dessinée par aucun archéologue. Ni Panvinio, ni Marangoni, ni Rasponi, ni Alemanni, ni de Rossi ne les avaient vues. Nous allons mentionner rapidement les plus importantes[2].

L’arche de cyprès de Léon III (fig. 2) mesure 0m92 de hauteur sur 0m70 de largeur et autant de profondeur. Elle est scellée dans l’autel de marbre et ressemble un peu à un bahut à deux étages, avec une porte pleine à deux battants pour chaque étage. Sur la face légèrement brunie se détachent des dessins géométriques formés de lignes brisées parallèles, entourant des panneaux carrés avec cercles concentriques en relief. L’intérieur, à peine dégrossi[3], contenait les objets qui vont suivre :

Un fragment de la paroi d’un coffret d’ivoire cylindrique (fig. 3) du IVe ou Ve siècle, rappelant beaucoup la pyxide d’ivoire du musée de Berlin, publiée récemment, et les boîtes à hosties du musée du Vatican, par exemple. Mais, au lieu d’un sujet chrétien, — résurrection de Lazare ou

  1. C’est un devoir de reconnaissance, autant qu’un plaisir pour moi, d’adresser ici mes plus vifs remerciements à MM. Léopold Delisle, A. de Boilisle, Perrot, Cagnat, Schlumberger, Héron de Villefosse, le baron de Baye, à S. E. le cardinal Vives y Tuto, à M. l’abbé X. Hertzog, à M. l’abbé Thédenat, aux TT. RR. PP. Cormier, Subiger, Pie de Langogne, Lemius, Florian Jubaru et surtout Louis-Antoine de Porrentruy.
  2. Je publierai prochainement une description beaucoup plus détaillée de ce trésor dans la collection des Monuments Piot, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.
  3. On peut la rapprocher du coffret nuptial de Terracine (Xe siècle), exposé à Grottaferrata.