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Portée philosophique et valeur utilitaire du rêve[1]


Si l’on met à part certaines indications du précédent chapitre où nous avons quelque peu anticipé sur les conclusions de celui-ci, l’étude que nous avons faite jusqu’ici est toute de science pure et entièrement désintéressée. Nous allons dans ce chapitre déplacer notre point de vue et rechercher les réactions du rêve sur la vie éveillée et ses applications à la vie pratique et à la morale individuelle. De là découle la division de ce chapitre en deux parties, l’une relative à l’influence du rêve sur les croyances de l’humanité, l’autre où sera recherché le parti utile que l’homme peut retirer du rêve, les services qu’il peut lui demander.


I. — Le rève et les croyances de l’humanité.

Il est certaines croyances si universellement répandues à tous les âges de l’histoire et chez toutes les races, que l’on a senti la nécessité de leur trouver une explication aussi générale qu’elles-mêmes. Selon leur nature et surtout selon la mentalité et les opinions de celui qui les considère, on les désigne sous les noms de superstitions, de foi religieuse ou de croyances philosophiques ; on y voit des révélations divines ou des suggestions démoniaques, des effets de la magie ou de la sorcellerie, des interventions quelconques de puissances surnaturelles diverses, ou encore des produits de la raison s’exerçant en toute liberté.

Peut-être le rêve peut-il fournir aux faits de cet ordre une explication plus simple, plus objective et plus conforme aux tendances de la science moderne.

  1. Cet article est un chapitre détaché d’un livre sur le Rêve, qui doit paraître prochainement : cette indication est nécessaire pour rendre intelligibles certains renvois et allusions à d’autres parties de l’ouvrage.