Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, IV.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
7
boutroux.zeller et l'histoire de la philosophie

gine de nos connaissances, éviter les fautes qui avaient amené l’idéalisme exclusif de la période post-kantienne, et viser à une conception du monde, ayant son point de départ dans la seule expérience, mais soumettant les données expérimentales au contrôle, à la critique et à l’action élaborative des lois à priori de la connaissance. Quelques années plus tard (1868), M. Zeller, chargé, comme recteur, du discours de rentrée[1], exposa, conformément à ce nouveau point de vue, que la philosophie ne saurait prétendre à ce rôle de science à part, toute à priori et de déduction, que lui avaient attribué les Platon et les Hegel, mais qu’elle doit borner sa tâche à l’étude de l’élément formel immanent à toute connaissance, c’est-à-dire à la démonstration de la connexion intime et de l’unité radicale de toutes les sciences positives.

A Heidelberg, M. Zellertravailla, indépendamment de la réédition de sa « Philosophie des Grecs », à la composition d’une histoire de la philosophie allemande à partir de Leibniz (Geschichte der deutschen Philosophie seit Leibniz, 1873), qui rentrait dans la collection de travaux sur l’histoire des sciences en Allemagne publiée sous les auspices du roi de Bavière Maximilien II. Cet ouvrage a été réédité en 1875. En 1865, M. Zeller forma, de divers articles détachés, un volume intitulé « Discours et Études » (Vortraege und Abhandlungen), qui fut réédité en 1875. Dans ce recueil se trouvent des études sur le christianisme primitif et sur son fondateur, sur la lutte du piétisme et de la philosophie, sur Schleiermacher, sur Strauss et Renan.

M. Zeller était l’un des professeurs les plus renommés de Heidelberg. La hardiesse austère de son enseignement comme de ses ouvrages n’empêchait pas l’admiration et la sympathie publiques de s’attacher à cet homme solide, dont la simplicité de manières égalait la supériorité intellectuelle. En 1872, il fut appelé à Berlin. Il y publia, outre plusieurs opuscules, son cours sur l’État et l’Église (Staat u. Kirche, Vorlesungen an der Universitaet zu Berlin gehalten, 1873), où, après avoir exposé l’historique de la question, il soutient théoriquement que les droits civils sont indépendants des institutions ecclésiastiques.

En ce moment, il prépare, entre autres choses, la troisième édition des trois derniers volumes de sa « Philosophie des Grecs », allant d’Aristote aux Néoplatoniciens inclusivement[2].

  1. Ueber die Aufgabe d. Philos, u. ihre Stellung zu den übrigen Wissensch., Heidelb., 1868.
  2. Voici la liste de ses principaux ouvrages : Platonische Studien. Tübingen, 1839. — Die Philosophie der Griechen, 1er édit., 4 vol. 1844-1852 ; 2e édit., 5 vol. : Leipzig, 1856-1868 ; 3e édit. : vol. Ier, Leipz., 1869, vol. IIe, Leipz., 1875 ; 4e édit. : Vol. 1er, Leipz, 1877. — Gesch. d. christl. Kirch., Stuttg., 1847. — Eine Uebersetz. u. Erlaeuter. v. Plato’s Gastmahl. Marburg 1847. — Das theolog.'