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naville. — principes directeurs des hypothèses

ces termes : « Trouver les lois et les conditions de fixité et de variabilité des espèces[1]. »

Deuxième hypothèse. Toute la faune et toute la flore ont pu provenir par voie de génération régulière de quatre à cinq formes primitives pour chacun des deux règnes[2].

Ceci commence à dépasser les limites d’une induction prudente. En effet, l’on n’a trouvé jusqu’ici, ni dans les êtres actuellement vivants, ni dans les débris fossiles des êtres disparus, les formes intermédiaires entre les différents types animaux et végétaux que l’observation devrait constater pour justifier la supposition faite. Les partisans de la doctrine répondent que nos connaissances paléontologiques sont encore peu avancées, et que ce qui n’a pas été trouvé se trouvera plus tard. Ceci est une supposition de fait qu’on appelle à l’appui d’une supposition de doctrine : c’est l’hypothèse élevée à sa seconde puissance. Les transformistes réclament pour expliquer la formation de la faune et de la flore actuelles, à partir d’un petit nombre de types primitifs, des siècles qui doivent se compter par milliers ou par millions. En théorie, il n’y a aucune raison de leur refuser un espace quelconque de temps. Il faut seulement observer que la doctrine se trouverait soumise à une objection grave, si elle réclamait, pour expliquer les. transformations des organismes, un temps qui nous renverrait à une époque où, selon les supputations des géologues, notre globe aurait été incandescent, et impropre à la manifestation de la vie. Si l’on réussissait jamais à déterminer, à quelques milliers d’années près (ce qu’on n’a pu faire encore), l’époque où la surface de notre globe était en fusion, la géologie poserait une limite au delà de laquelle la paléontologie n’aurait pas le droit de remonter.

Troisième hypothèse. Tous les végétaux et tous les animaux sont pro venus d’organismes primitifs semblables[3].

Il faut entendre la supposition en ce sens qu’à une époque quelconque, la terre aurait été couverte de cellules vivantes, que ces organismes élémentaires, développés sous l’influence de la lumière, de la chaleur, se seraient diversifiés selon les climats, le sol, l’exposition ; puisque, par l’effet de la concurrence vitale, la nourriture

  1. Rapport sur les progrès et la marche de la physiologie générale en France, page 111.
  2. Darwin, De l’origine des espèces, Récapitulation et conclusions, page 507 de la traduction Moulinié.
  3. « Tous les êtres organisés qui ont vécu sur la terre, peuvent provenir d’une seule forme primordiale. » C’est l’hypothèse présentée par M. Darwin dans la conclusion de son livre sur l’Origine des espèces (page 508), mais sous la forme d’une simple analogie.