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et la nature des phénomènes psychiques avec l’aide des recherches physiologiques, qui emploie la méthode et les expériences physiologiques pour découvrir la dépendance mutuelle entre les phénomènes psychiques et les fonctions organiques. Mais, de même que la physique ne devient pas mathématique par l’application de cette dernière, de même la psychologie ne cesse pas d’être une science à part, toute redevable qu’elle soit à la physiologie. C’est au détriment de ces deux sciences que la ligne de démarcation entre elles s’est effacée — cela provient de ce que les physiologistes ont été les premiers à étudier les rapports qu’il y a entre les processus nerveux et les impressions psychiques et sont parvenus les premiers à déterminer la nature réelle des premiers éléments de la vie psychique, tandis que les psychologues et les philosophes d’autrefois ne s’en sont pas occupés, faute de connaissances techniques nécessaires.

Et de même que la psychologie n’est pas la physiologie ou la physique, elle n’est pas non plus l’ethnographie ni la Culturgeschichte, quoiqu’elle profite des résultats de leurs recherches. Tandis que l’ethnologie s’occupe de la vie des peuples, c’est-à-dire de leurs mœurs et coutumes, de leurs institutions, de leur religion et de leurs traits caractéristiques, et que la Culturgeschichte, étudie la vie intellectuelle des nations prises séparément, ou de l’humanité en général, la psychologie a pour objet la recherche des lois qui régissent la vie psychique des individus. On pourrait peut-être objecter qu’un peuple et que l’humanité entière se composent d’individus, et que, par conséquent, leur vie intellectuelle n’est que le résultat de la vie psychique de tous les individus. À cette remarque, nous en opposerons une autre : c’est que l’organisme physiologique de l’homme se compose également d’un grand nombre de cellules organiques, et que néanmoins la vie et les fonctions collectives de l’organisme, et celles des cellules ne sont pas précisément la même chose. Il est vrai que l’étude des fonctions organiques et celle des fonctions de chaque cellule prise séparément se complètent, s’expliquent et s’éclaircissent mutuellement, et que le physiologiste conclut des unes par les autres, mais il est loin de les confondre.

La physiologie des cellules occupe, parmi les sciences physiologiques, une place complètement séparée, et la recherche des propriétés de la cellule, ainsi que des lois qui président à son développement, sont le but unique et réel qu’elle se propose. De même en psychologie, la vie psychique de l’individu est le but exclusif de toutes les recherches qui s’y font. La psychologie a bien le droit de profiter des études comparées d’ethnologie et d’y puiser les éclaircissements nécessaires, mais il n’en résulte ni pour la psychologie,