Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, IV.djvu/398

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
388
revue philosophique

organisation constituée par des dispositions purement spirituelles à la sensation. »


Lange ne fait jusqu’ici que confirmer ou qu’étendre par les enseignements de la science contemporaine, les conclusions auxquelles était parvenu déjà l’idéalisme Kantien. Il les modifie plus ou moins profondément, et entreprend de les corriger sur certains points, qu’il nous reste à mettre en lumière.

Parlons d’abord de la notion de la chose en soi. Ce concept a priori de l’entendement n’est rigoureusement pour lui qu’un concept purement limitatif, négatif. « L’essence véritable des choses, le dernier fondement de tous les phénomènes nous est inconnu. Le concept que nous en avons n’est rien de plus, ni rien de moins, que le dernier ce produit d’une opposition qui a sa racine dans notre organisation, et dont nous ne savons pas scientifiquement si elle répond à quelque chose de réel en dehors de notre expérience. » Malgré les apparentes hésitations de Kant sur ce point, et les contradictions que Schopenhauer et d’autres ont cru trouver entre les deux Critiques, la logique du système et les affirmations expresses de Kant ne permettent pas d’attribuer à la chose en soi une portée transcendante, qui serait la négation même de la doctrine des catégories. Nous concevons que le monde des phénomènes doit avoir une cause. Estelle en dehors de nous ou en nous ? En faut-il admettre plusieurs ou une seule ? Ce sont là autant de questions sur lesquelles l’entendement et la science sont muets.

Restent les Idées de la raison pure, les plus hauts principes de l’unité systématique pour la pensée.

Pour Lange, comme pour Kant, le moi et le monde sont des unités purement formelles. « Que devient », demandera-t-on peut-être, « l’unité de la pensée, si une pensée même isolée est considérée comme quelque chose d’extraordinairement complexe ? Simplement la même chose que l’unité d’une construction. élevée par notre art, lorsque nous la considérons comme une combinaison de pierres isolées. C’est une unité formelle, qui peut très bien coexister avec la composition des matériaux qui servent à la réaliser. À cette matière et à ses éléments, qui sont ou des sensations ou des impulsions conscientes de mouvement, s’applique rigoureusement la loi de la conservation de l’énergie. »

Mais Lange se sépare de Kant sur l’Idée de Dieu et sur l’Idée de la liberté. Il se refuse à considérer la première comme une forme nécessaire et universelle, par suite comme un élément a priori de la