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L’ART CHINOIS

Nous n’avons point parlé des laques ; c’est qu’en ce genre les Chinois n’ont jamais égalé les Japonais. Ils n’en ont pas moins produit de belles choses. La laque est une sorte de résine, de gomme qui coule de certains arbres et que l’on manipule assez longuement avant de s’en servir. La laque est ensuite colorée à l’aide de substances diverses en noir, en jaune ou en rouge. La peinture sur laque demande naturellement un doigté extrême. On la rehausse avec de l’application d’or en poudre. La laque est assez ancienne en Chine. Un voyageur arabe mentionne avec admiration les beautés de cet art en 1345.

Les Chinois se sont encore distingués dans d’autres branches telles que le damasquinage et l’incrustation du bronze, la dorure au mercure, le verre et les émaux. Ils n’ont point trouvé tout cela tout seuls. Ainsi M. Paléologue observe que « deux cent cinquante ans environ avant de fabriquer le verre, les Chinois en avaient reçu par le commerce étranger des spécimens manufacturés, fioles, coupes, etc…., venus des grandes verreries d’Égypte et de Syrie ». Ceci est à rapprocher de ce fait connu que, quelques mois après l’introduction au Japon de la première arquebuse, les armuriers de ce pays en avaient fabriqué et livré au public plusieurs centaines. Dans ce contraste qui s’affirme de nos jours mais dont nous oublions de noter qu’il a toujours existé, on saisit la spontanéité et la puissance d’assimilation japonaises opposées à la lenteur irrémédiable des Chinois. Voilà encore un trait mental qui explique comment l’art chinois auquel n’ont pas manqué les occasions d’évolution et de perfectionnement en a si peu et si mal profité. Du moins convient-il de lui savoir gré de sa persévérance à composer et à fabriquer des objets qui se recommandent par des habiletés de contours, des finesses d’exécution, des richesses de détail que les artistes des autres pays, ont rarement atteintes et, probablement, jamais dépassées. Ce n’est pas assez sans doute pour une école nationale qui a eu pour elle le temps, les ressources naturelles, les facilités d’écoulement…, mais c’est beaucoup quand même.

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