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REVUE POUR LES FRANÇAIS

point de vue des résultats, ce sont les sources de l’histoire politique et de l’histoire religieuse qui ont donné le plus de conclusions nouvelles. Ainsi l’étude des documents d’archives relatifs à la convocation des États généraux a permis de démêler nettement ce qu’était l’Ancien régime finissant, « amas d’institutions superposées, les unes mortes, les autres vivantes, presque toutes discordantes, impuissantes, et dont l’encombrement ne pouvait être déblayé, semble-t-il, que par une révolution radicale. » Quant au « fait même de la Révolution », « on voit maintenant et on sait que la Révolution fut municipale, que, dès que Paris soulevé et, ayant pris la Bastille, se fut formé en municipalité, ce mouvement s’étendit à toute la France, d’abord aux villes, puis aux campagnes, par une sorte de commotion que les contemporains appelèrent électrique, et qui se manifesta en presque tout le pays sous la forme d’une panique ou grand’peur, comme si des brigands mystérieux s’avançaient. On s’arma, on s’organisa en municipalités, chaque commune se gouverna elle-même, et ces municipalités se fédérèrent aussitôt en nation. Ce fut là, au début, la Révolution française, et cette fédération des municipalités fut la patrie nouvelle, qui aspira à se fédérer avec les autres patries, quand elles se seraient constituées de même. Cette tendance à municipaliser l’Europe, et même le monde, fut la tendance humanitaire du patriotisme de la Révolution ». En somme, et pour conclure en deux mots, « municipalisation spontanée de la France en juillet et août 1789. »

Si Paris fut la tête du mouvement, il ne prit pas néanmoins toutes les initiatives. Ainsi, « en 1791, après la fuite à Varennes, le groupe qui demanda le plus nettement la République fut celui des Jacobins de Montpellier, présidé par Cambon ».

Autre résultat : on peut considérer comme actuellement démontré « que la Terreur ne fut pas un système, qu’elle ne fut qu’un expédient de défense nationale, de défense militaire, improvisé pour ou par les circonstances ».

L’étude de l’histoire religieuse a permis de bien marquer les deux étapes successives du mouvement politico-religieux : 1o Une église gallicane d’État ; 2o la Séparation des Églises et de l’État.

« Par la Constitution civile du clergé, les constituants salarièrent le clergé catholique, donnant aux ministres de ce culte le caractère de fonctionnaires de l’État et n’accordant aux autres cultes qu’une vague tolérance ». La religion catholique devenait