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L’AMÉRIQUE AUX AMÉRICAINS

là par nos marins, nos explorateurs, nos missionnaires, nous devient importune. Partout des noms français sur cette longue traînée d’île qui jalonne la route des Indes à Panama et qui ressemble à une avenue de tombeaux peuplée de nos morts à travers les jardins d’autrui ! Voyez la carte du monde austral, sans en excepter son grand continent : le souvenir de la France y est inscrit à chaque pointe, à chaque passe, à chaque baie, comme celui d’un fondateur ou d’un hôte illustre au frontispice d’une maison vendue ». Sachons donc au moins conserver ce que nous possédons encore. « Les Nouvelles Hébrides sont à nous : il ne s’agit plus que de faire reconnaître notre propriété. Ce sera la première fois que nous aurons acquis une colonie sans y répandre à flots l’argent de nos concitoyens et le sang de notre jeunesse ». Nous n’ajouterons qu’un mot : si l’impossibilité d’une entente amicale devenait flagrante, contre nos prévisions, émettons délibérément une proposition d’arbitrage : nous confirmerons ainsi notre indiscutable bonne foi.

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L’AMÉRIQUE AUX AMÉRICAINS[1]


Les transformations de la doctrine de Monroë

Si l’on voulait écrire un historique complet des transformations que subirent au cours du dernier siècle les déclarations premières de Monroë relatives à l’attitude des États-Unis à l’égard de l’Europe, il faudrait entrer dans le détail de toutes les relations extérieures de la grande république américaine, et une pareille étude est incompatible avec le cadre de cette Revue. Aussi devons-nous borner notre examen à quelques-uns des épisodes les plus intéressants auxquels ont donné lieu les rapports de l’Ancien et du Nouveau Monde, et nous ne croyons pas qu’il soit possible

  1. Nous nous sommes servi pour cette étude de l’ouvrage de Henderson, American diplomatic questions, et de l’ouvrage de Bushnell Hart, Foundations of American foreign policy.