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n’avons donc, en toute probabilité, rien à attendre de ce côté[1]… »

« Comment ! se dira le lecteur du volume des Archives qui ignore tout ce qui s’est passé de 1710 à 1715, voilà déjà cinq ans que Port-Royal a été pris, voilà deux ans que le traité de paix d’Utrecht a été conclu, et ces Acadiens sont encore dans le pays, et ils refusent soit de prêter le serment d’allégeance, soit de s’en aller ! Mais il faut que les gouverneurs aient été bien indulgents pour n’avoir pas osé les contraindre, par la force, à l’une ou l’autre de ces alternatives. » — C’est bien là, en effet, la pensée qui vient à l’esprit, quand on s’en tient à la compilation de Akins ; c’est cet ordre de réflexions que l’on rencontre généralement chez les historiens qui ont puisé leurs renseignements dans ce seul ouvrage. Akins devait se douter de l’influence que son œuvre exercerait, et, s’il a assez vécu pour en voir le résultat sur l’opinion, il a dû se pâmer d’aise. Pendant longtemps, on est allé s’abreuver à cette source, sans vouloir regarder au delà. Il y avait pourtant des questions bien simples à se poser : que s’était-il passé depuis 1710 ! Pourquoi le compilateur commence-t-il son travail à l’année 1715 ? Pourquoi n’y a-t-il pas fait entrer la formule du serment proposé, les réponses des Acadiens à ce sujet, le rapport officiel de Capoon et Button ? Pourquoi y a-t-il contradiction dans les paroles de Caulfield ? Pourquoi Akins nous laisse-t-il presque toujours ignorer les réponses que firent les Acadiens à toutes les sollicitations ou à toutes les tracasseries dont ils furent l’objet ? Les documents pro-

  1. N. S. Archives, vol. I, pp. 7-8. — C’est par erreur que, dans le MS. Richard dit que cette lettre de Caulfield était adressée aux Lords of Trade. La suscription porte au contraire : To ye Sectry of State, James Stanliope, etc.