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Le gouverneur Mascarene, écrivant au gouverneur Shirley, en avril 1748, au sujet du serment obtenu par Philipps : « Les habitants prétendent qu’ils ne sont pas obligés de prendre les armes contre les français, en vertu d’une clause spéciale, laquelle, pour n’avoir pas été insérée (dans la formule du serment) leur aurait été promise, ainsi qu’ils l’ont toujours affirmé ; et les gens des Mines, qui étaient présents quand le serment fut prêté à ce dernier endroit, m’ont toujours dit que pareille promesse leur avait été faite. Quand les Français les pressaient de prendre les armes, ils leur opposaient le serment juré[1]… »

En 1744, alors que la guerre se poursuivait entre la France et l’Angleterre, l’on voulut obliger les Acadiens à servir comme pilotes et comme guides. Croyant que leur serment les exemptait de remplir des fonctions qui leur paraissaient incompatibles avec leur neutralité, ils adressèrent une requête au gouverneur pour lui demander son opinion sur ce point. Et voici ce que Mascarene leur répondit : « Je ne puis que vous répéter ce que je vous ai si souvent dit, à savoir que votre légitime souverain est le Roi de Grande Bretagne… Si, quand vous avez prêté le serment d’allégeance, le gouverneur a été assez bon de vous dire que ce serment ne vous obligeait pas à prendre les armes, ce fut par pure déférence, et cette assurance outrepassait les conditions stipulées par le traité. En conséquence de votre serment, vous devez obligeance et assistance au Roi votre Souverain ; et vous pouvez regarder comme une grande faveur qu’il ne vous oblige pas à combattre[2]. » Il y a d’autres preuves de

  1. N. S. Doc. p. 159.
  2. N. S. Doc. Lettre du gouv. Mascarene aux députés de Chignectou. Annapolis Royal. Nov. 16, 1744. Page 139 des N. S. Doc.