Page:Rimbaud - Œuvres, Mercure de France.djvu/310

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Maintenant, je m’encrapule le plus possible. Pourquoi ? je veux être poëte, et je travaille à me rendre voyant : vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s’agit d’arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poëte, et je me suis reconnu poëte. Ce n’est pas du tout ma faute. C’est faux de dire : Je pense. On devrait dire : On me pense. Pardon du jeu de mots.

JE est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon, et Nargue aux inconscients, qui ergotent sur ce qu’ils ignorent tout à fait !

Vous n’êtes pas enseignant pour moi. Je vous donne ceci : est-ce de la satire, comme vous diriez ? Est-ce de la poésie ? C’est de la fantaisie, toujours. — Mais, je vous en supplie, ne soulignez ni du crayon, ni trop de la pensée :

Le cœur supplicié

Mon triste cœur bave à la poupe…
...

Ça ne veut pas rien dire.

RÉPONDEZ-MOI : chez M. Deverrière, pour A. R.

Bonjour de cœur,

Arth. Rimbaud.