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CHEZ NOUS

l’âtre déplaisent à ce vétéran ; il étouffe ces voix du feu, frivoles et légères, qui, dans les cheminées ouvertes, fredonnent, silent, crépitent, et font entre les chenets un concert de caprice et de fantaisie : il les fond toutes en un ronflement sévère. Il craint aussi, pour ceux qu’il aime, le prestige des étincelles, la fantasmagorie des flammes, le mensonge de leurs formes changeantes ; il cache aux regards des hommes son lit de braise ardente. L’œuvre du feu s’accomplit en secret dans l’enfer de ses flancs ; seul, l’œil rouge qui perce sa porte révèle les souffrances éclatantes et mystérieuses du bois qui pleure.

À la brunante, les voisins viennent fumer ; ils arrivent, tout enneigés, et le poêle réjouit leurs mains gourdes. Quand ils sont tous groupés devant sa porte, et qu’ils allument à la ronde, il aime, le poêle des habitants, qu’on s’entretienne autour de lui de la terre

fermée par les froids d’automne, des bâtiments

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