Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/433

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mon temps ou je n aurais gagné qu’un mot froid, qui n’eût rien avancé. Temps et patience, comme au commencement, c’est tout ce que j’y sais.

Je verrai demain MM. Valioud et Rss. [Rousseau], je remettrai tes lettres ; j’en donnerai une au premier pour M. Tolz. [Tolozan], qui revient de la campagne vendredi ou samedi, et à qui je demande un rendez-vous, parce que je crains que sa première audience soit trop tardive ou trop bruyante. Je serai dispensée du voyage de Beaurepaire, parce que je ne verrai M. de Mt [Montaran] qu’après son confrère et même après M. Bld. [Blondel]. Je verrai aussi M. de Vin de Glld [Gallande]. Il faut amadouer force gens ; si tous ces fronts d’airain ne s’adoucissent pas à l’aspect d’une femme sollicitant une bonne cause, il faudra gagner des démons pour l’emporter sur eux.

Je ne désespérerais pas de cet homme si farouche de Versailles : il a beaucoup de sagacité, et, suivant la tournure des choses, il faudrait l’éloigner ou le mettre dans sa manche. J’espère voir Flesselles avant peu, il me donnera des nouvelles du Faucon et de l’intrigant.

J’ai vu avec beaucoup de plaisir le bon chanoine de Vincennes ; il m’a reçue à bras ouverts. Je suis presque étonnée de retrouver un bon parent… Juste ciel !

L’ami fera passer de tes notes à plusieurs personnes en Provence[1] ; il vient de m’apporter ton billet d’hier. Je voudrais bien être de quelque utilité à son aimable sœur ; mais, bon Dieu ! les amis les plus dévoués sont rarement les plus puissants. Je voudrais déjà te voir avec la petite comtesse[2], lui rappelant l’ouistiti ; elle est femme à le bien prendre.

  1. Pour demander des renseignements en vue du Dictionnaire des manufactures. — Roland cite plusieurs fois, parmi ses collaborateurs de Provence : l’abbé Turles, supérieur du petit séminaire de Fréjus ; Bernard, professeur adjoint à l’observatoire de la marine, à Marseille, etc.
  2. La petite comtesse, ailleurs « la comtessine ». Ce nom reviendra plusieurs fois dans la Correspondance et se rencontre presque à chaque page des lettres écrites par Roland à cette époque. Nous croyons qu’il s’agit de la fille de M. de Bray, qui, ainsi que nous l’avons dut (lettre 16), avait épousé en 1781, Jean-Baptiste Durieux, écuyer, seigneur de Gournay et de Beaurepaire.

    Il semble qu’ils soient venus habiter