Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/746

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dy. [Doyen] depuis ce que je t’en ai mandé. Je l’attends pour lui remettre la lettre de Vin, le livre de Frossard[1], et causer de la société de Bourg[2]. Le frère ne s’étonne pas de quelque défaut d’orthodoxie de plus ou de moins dans un hérétique[3], déjà condamné aux flammes ; il a trouvé agréable, éloquent, le discours sur la Bonté, qui lui semble bon comme ouvrage de pure philosophie, et meilleur pour l’Académie que convenable pour la chaire. Quant à lui, il croit fermement à la perversité humaine ; cette doctrine apostolique lui semble aussi la mieux fondée. Grand bien lui fasse cette douce croyance !

Je t’envoie beaucoup de bonnes choses ; les lettres du brave Valioud et de l’excellent de Vin m’ont fait grand plaisir ; j’aime ta notice sur Plutarque[4] ; elle est faite du cœur ; aussi le style en est-il plus coulant

    De Vin des Ervilles, secrétaire du Musée d’Amiens ;

    Chacun des quatres associés mérite de fixer un instant notre attention.

    L’abbé Aimé Guillon de Montléon (1758-1842), qui a plus tard, dans ses Mémoires, diffamé Roland, était alors lié avec lui.

    Thomas-Philibert Riboud (1755-1825), qui fut depuis député de l’Ain à la législative, aux Cinq-Cents et au Corps législatif, venait de reconstituer à Bourg, en 1783, la Société d’Émulation fondée par Lalande en 1755. — Voir Ch. Jarrin Jérôme Lalande, Bourg, 1887, in-8o.

    Le Camus était l’ami de Roland dont il a été parlé plus haut (lettre du 11 août 1786).

    Enfin, De Vin de Erville était le vieil ami d’Amiens que nous avons déjà rencontré si souvent dans cette correspondance.

    Ces détails, si minutieux qu’ils paraissent, montrent l’activité que Roland portait dans les nombreuses sociétés littéraires dont il faisait partie et l’influence qu’il y exerçait. Il va faire de même à l’Académie de Lyon. Le 19 décembre 1786, il y lit un mémoire sur la nécessité de déclarer vacantes les places d’académiciens titulaires absents depuis plusieurs années et obligés de résider loin de Lyon. L’Académie ne fait pas droit à sa requête, mais elle décide de prévenir ceux de ses membres absents depuis longtemps que leur cas a fait l’objet d’une délibération (Registres de l’Académie de Lyon).

  1. La traduction française, par Frossard, des Sermons de Hugh Blair (Lyon, imprimerie d’Aimé de la Roche, 2 vol. in-8o, 1784 et 1786).
  2. La Société d’Émulation de Bourg-en-Bresse, à laquelle Roland allait se faire agréger comme associé, et à laquelle il lut, le 20 avril 1789, son« Aperçu des causes qui peuvent rendre une langue universelle, et observation sur celle des langues vivantes qui tend le plus à le devenir » (Registre de la Société d’Émulation).
  3. Hudh Blair, la célèbre prédicateur écossais (1718-1800).
  4. Réflexions sur Plutarque, morceau lu à la séance particulière de l’Académie de Lyon, le 16 janvier 1787 (Papiers Roland, ms. 6243, fol. 89-90).