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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

leur cœur les flots de bonté, de lumière et de force qui ruisselaient des grandes âmes de Beethoven et de Wagner, heureux de voir s’éclairer le cher visage fraternel, — ce visage pâli par les fatigues et les soucis prématurés. Antoinette se sentait si lasse, et comme dans les bras d’une mère qui la serrait contre son sein ! Elle se blottissait dans le nid doux et tiède ; et elle pleurait tout bas. Olivier lui serrait la main. Personne ne prenait garde à eux, dans l’ombre de la salle monstrueuse, où ils n’étaient pas les seules âmes meurtries, qui se réfugiaient sous l’aile maternelle de la Musique.

Antoinette avait aussi la religion qui continuait de la soutenir. Elle était très pieuse, et ne manquait jamais de faire, chaque jour, de longues et ardentes prières, ni d’aller, chaque dimanche, à la messe. Dans l’injuste misère de sa vie, elle ne pouvait s’empêcher de croire à l’amour de