Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/139

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— Tout de même, vous feriez mieux d’être chez vous, monsieur Rivière.

(Il était le seul à ne pas le tutoyer.)

Marc fut stupéfait :

— Chez moi ? Où ?

— À votre école.

Il protesta :

— Mais, Pitan ! Vous trouvez que j’ai tort de venir avec vous, d’apprendre comment vous pensez et comment vous vivez ?

— Non, bien sûr, ça ne peut pas faire de mal, de savoir comment nous sommes faits, nous autres… Seulement, monsieur Rivière, voilà !… Vous ne saurez jamais.

— Pourquoi ?

— Parce que vous n’êtes pas des nôtres.

— C’est vous qui dites cela, Pitan ? Je viens, et vous me repoussez !

— Non, non, monsieur Rivière. Vous venez, et je suis content de vous voir. On vous remercie de votre sympathie… Mais cela n’empêche pas que vous êtes et serez toujours chez nous un étranger.

— Vous ne l’êtes pas pour moi.

— Voyons !… Derrière ces murs, il y a des ouvriers. Qu’est-ce que vous connaissez de la vie de ces ouvriers ? On peut vous dire ce qu’ils