Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/278

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Annette se rendit à Paris. Elle vit son ancien ami, Marcel Franck, qui s’était fait habiller d’un bien bel uniforme. Haut fonctionnaire aux Beaux-Arts, il rentrait d’on ne sait quelle mission à Rome, sans péril, mais non sans gloire ; et il se trouvait, pour l’instant, attaché à un bureau confortable, où l’on s’occupait, à l’arrière et sans fièvre, du sauvetage des œuvres d’art. Il n’apportait aucune exagération de zèle au service de cette guerre, qu’il jugeait stupide, c’est-à-dire naturelle : car la stupidité lui paraissait la mesure normale de l’humanité. Sans exagération, il s’intéressa à la démarche d’Annette.

Tout de suite, il l’avait reçue, avec le sourire de secrète entente, le sourire d’autrefois. Il arborait maintenant une superbe calvitie ; mais il s’en faisait une élégance de plus. Le visage était jeune, les yeux vifs, de belles dents : très à l’aise dans le costume de guerrier, bleu-tendre, qui le gantait.