Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/97

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des freux, dont le vol lourd encercle d’une auréole noire les cloches de la cathédrale.

La race meurt. Elle est heureuse. La place ne lui manque. La terre est savoureuse, l’appétit satisfait, les ambitions bornées. Tous les aventureux sont, d’une génération à l’autre, partis à la conquête de Paris. Ceux qui restent trouvent qu’on est mieux pour s’étendre. Le lit est vide : on peut s’y retourner. La guerre le rendra plus large encore. Elle prend les fils. Mais non pas tous. L’imagination n’est pas assez vive pour trop s’inquiéter d’avance. Et le sens pratique évalue les profits. La vie facile, le bien manger, le cinéma et le café, le clairon de la caserne pour l’idéal, et les foires de bestiaux pour le positif. On est jovial, on ne s’affecte point du va-et-vient des nouvelles, avance, recul : on n’est point dupe. On dit des Russes, qui toujours détalent devant les Allemands :

— Eh bien, mais, ces gars-là, s’ils continuent, ils vont prendre le Transsibérien, et nous revenir par l’Amérique !…

Le bien-être a émoussé les angles, la dureté, la cruauté… (Stop !… Attention, frère ! il ne faut pas trop s’y fier !…)

Il fait silence. Il fait sommeil. Annette, n’es-tu point à l’aise ? N’est-ce point la paix que tu cherchais ?