Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/152

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siècles. À chaque minute du jour, il naissait une inquiétude nouvelle, et l’organisme, obéissant merveilleusement aux suggestions cérébrales, ne cessait pas de souffrir : le cœur, tantôt sournois et tantôt farouche, tantôt si débile qu’il semblait prêt à s’éteindre, et tantôt bondissant comme une bête épouvantée, remplissait le grand premier rôle, secondé par le diaphragme aux contractions angoissantes, par les entrailles qui semblaient s’effondrer, par l’estomac qui refusait les aliments, par les vertèbres saturées de mélancolie, par le cervelet vertigineux, par la bouche avide et dure, par la peau même, tantôt sèche et tantôt moite, où tressaillaient toute espèce de fibres malheureuses…

Le lit était un lugubre supplice, avec le noir de la nuit exagérant le rongement d’es-