Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/229

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un lavabo minuscule, une table chancelante. On entrevoyait un cabinet obscur et une cuisine semblable à un tout petit couloir.

— J’ai laissé mes meubles à Lyon, dit Marie.

Il ne voyait pas les meubles, il n’apercevait que la jeune femme. Elle était vêtue d’une jupe violet évêque et d’un corsage feuille morte, échancré sur la poitrine, en sorte qu’on apercevait un flot de peau blanche. Le cou maintenait sa fraîcheur, mais les ans commençaient à fatiguer et à griffer le visage. Toutefois, l’absence d’empâtement, la finesse des contours, la naïveté et la transparence des yeux, gardaient à ce visage une jeunesse ambiguë. Marie exhalait un parfum délicat comme l’odeur des herbes humides encore de la nuit. Georges ne se souvenait plus que des soirs où il allait l’at-