Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/85

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Marie et Georges le regardaient accourir, avec une barbe d’Hébreu galicien, un nez qui bifurquait à la pointe et des yeux campagnols, sans sclérotique.

— Ah ! se lamentait-il, en tirant sur la pointe de ses sourcils, qui faisaient des antennes… quel amour y a eu dans c’te maison. Corbleu ! ce que le bateau y a versé, puis de la côte, puis du chemin de fer… Elles y en ont fait assez ici, madame, de quoi remplir trois cents villages… et encore une ville par-dessus le marché…

Ils l’écoutaient par miettes, sans évoquer cet amour foisonnant, qui eût troublé un dîneur solitaire, ce peuple de midinettes jetant, au hasard des banlieues vertes, ses vœux hagards et ses jeunes chairs tressaillantes. C’est eux-mêmes qu’ils évoquaient ; leurs êtres se répandaient sur l’ambiance