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BRAVOURE DE DEUX CANADIENS



Sur les bords du superbe Saint-Laurent, dans une paroisse riche et populeuse, s’élevait jadis une coquette villa, inhabitée depuis un grand nombre d’années. Entourée d’un riant bocage, construite au fond d’une splendide baie, sur laquelle on voyait folâtrer une foule de barques élégantes, et adossée au flanc d’une montagne que couronnaient des chênes et des ormes séculaires, cette habitation occupait le site le plus charmant de ces parages enchanteurs et excitait l’admiration de tous les étrangers. C’était le séjour le plus gracieux et le plus poétique que l’on pût imaginer ; l’Éden ne devait pas avoir plus de charmes et plus d’attraits.

Malgré son ombrage toujours frais, sa solitude agréable et pittoresque et ses appâts de toutes sortes, cette villa restait fermée toute l’année. Pas un seul habitant des environs n’osait approcher de cette paisible retraite ; au contraire, tous les paysans s’empressaient de fuir dès qu’ils apercevaient la tourelle