Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t1.djvu/457

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de les accoutumer de bonne heure à la règle, à l’égalité, à la fraternité, aux concurrences, à vivre sous les yeux de leurs concitoyens & à désirer l’approbation publique. Pour cela il ne faut pas que les prix & récompenses des vainqueurs soient distribués arbitrairement par les maîtres des exercices, ni par les chefs du college, mais par acclamation & au jugement des spectateurs ; & l’on peut compter que ces jugemens seront toujours justes, sur-tout sil’on a soin de rendre ces jeux attirans pour le public en les ordonnant avec un peu d’appareil & de façon qu’ils fassent spectacle. Alors il est à présumer que tous les honnêtes-gens & tous les bons patriotes se feront un devoir & un plaisir d’y assister.

À Berne il y a un exercice bien singulier pour les jeunes Patriciens qui sortent du college. C’est ce qu’on appelle l’Etat extérieur. C’est une copie en petit de tout ce qui compose le gouvernement de la République. Un Sénat, des Avoyers, des Officiers, des Huissiers, des Orateurs, des causes, des jugemens, des solemnités. L’Etat extérieur a même un petit gouvernement & quelques rentes, & cette institution autorisée & protégée par le Souverain est la pépinière des hommes d’Etat qui dirigeront un jour les affaires publiques dans les mêmes emplois qu’ils n’exercent d’abord que par jeu.

Quelque forme qu’on donne à l’éducation publique, dont je n’entreprends pas ici le détail, il convient d’établir un college de magistrats du premier rang qui en ait la suprême administration, & qui nomme révoque & change à sa volonté tant les principaux & chefs des colleges, lesquels seront eux-mêmes comme je l’ai déjà dit, des Candidats pour les