Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/154

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que ce qu’elle a de mauvais soit seulement dans des interprétations particulieres, ou dans des dogmes purement spéculatifs, ils s’attacheront à l’essentiel, & toléreront le reste, tant par respect pour les Loix, que par amour pour la paix. Quand ils seront appellés à déclarer expressément leur croyance, ils le feront, parce qu’il ne faut point mentir ; ils diront au besoin leur sentiment avec fermeté, même avec force ; ils se défendront par la raison, si on les attaque. Du reste, ils ne disputeront point contre leurs frères ; &, sans s’obstiner à vouloir les convaincre, ils leur resteront unis par la charité ; ils assisteront à leurs assemblées, ils adopteront leurs formules ; &, ne se croyant pas plus infaillibles qu’eux, ils se soumettront à l’avis du plus grand nombre, en ce qui n’intéresse pas leur conscience, & ne leur paroît pas importer au salut.

Voilà le bien, me direz-vous, voyons le mal. Il sera dit en peu de paroles. Dieu ne sera plus l’organe de la méchanceté des hommes. La Religion ne servira plus d’instrument à la tyrannie des Gens d’Eglise & à la vengeance des usurpateurs ; elle ne servira plus qu’à rendre les Croyans bons & justes : ce n’est pas-là le compte de ceux qui les menent ; c’est pis pour eux que si elle ne servoit à rien.

Ainsi donc la Doctrine en question est bonne au Genre-humain, & mauvaise à ses oppresseurs. Dans quelle classe absolue la faut-il mettre ? J’ai dit fidèlement le pour & le contre ; comparez, & choisissez.

Tout bien examiné, je crois que vous conviendrez de deux choses : l’une que ces hommes que je suppose, se conduiroient en ceci très-conséquemment à la profession de foi du