Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/191

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CHANT QUATRIEME.

Après avoir gémi du mal qu’ils avoient fait dans leur colere, les enfans d’Israel y chercheront quelque remede qui put rétablir en son entier la race de Jacob mutilée. Emus de compassion pour les six cents hommes réfugies au rocher de Rhimmon, ils dirent ; que serons-nous pour conserver ce dernier & précieux reste d’une de nos Tribus presque éteinte ? Car ils avoient jure par le Seigneur, disant ; si jamais aucun d’entre nous donne sa fille au fils d’in enfant de Jemini & mêle son sang au sang de Benjamin. Alors pour éluder un ferment si cruel, méditant de nouveaux carnages, ils firent le dénombrement de l’armée, pour voir si, malgré l’engagement solemnel, quelqu’un d’eux avoit manque de s’y rendre, & il ne s’y trouva nul des habitans de Jabés de Galaad. Cette branche des enfans de Manassé, regardant moins à la punition du crime qu’a l’effusion du sang fraternel, s’etoit refusée à des vengeances plus atroces que le forfait, sans considérer que le parjure & la désertion de la cause commune sont pires que la cruauté. Hélas ! La mort, la mort barbare fut le prix de leur injuste pitié. Dix mille hommes détaches de l’armée d’Israel reçurent & exécuterent cet ordre effroyable ; Allez, exterminez Jabès de Galaad & tous ses habitans, hommes, femmes, enfans, excepte les seules filles vierges que vous amènerez au camp, afin qu’elles soient données en mariage aux enfans de Benjamin. Ainsi pour réparer la désolation de tant et meurtres, ce peuple farouche