Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/381

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à l’effroi pour l’avenir, fut une ſubite inondation du Tibre, qui crût à tel point, qu’ayant rompu le pont Sublicius, les débris dont ſon lit fut rempli, le firent refluer par toute la ville, même dans les lieux que leur hauteur ſembloit garantir d’un pareil danger. Pluſieurs furent ſurpris dans les rues, d’autres dans les boutiques & dans les chambres. A ce déſaſtre ſe joignit la famine chez le peuple par la diſette des vivres & le défaut d’argent. Enfin le Tibre, en reprenant ſon cours, emporta des iſles dont le ſéjour des eaux avoit ruiné les fondemens. Mais à peine le péril paſſé laiſſa-t-il ſonger à d’autres choses, qu’on remarqua que la Voie Flaminienne & le champ de Mars, par où devoit passer Othon, étoient comblés. Auſſi-tôt, ſans ſonger ſi la cauſe en étoit fortuite ou naturelle, ce fut un nouveau prodige qui préſageoit tous les malheurs dont on étoit menacé.

Ayant purifié la ville, Othon ſe livra aux ſoins de la guerre, & voyant que les Alpes Pennines, les Cotiennes, & toutes les autres avenues des Gaules étoient bouchées par les troupes de Vitellius, il réſolut d’attaquer la Gaule Narbonnoiſe avec une bonne flotte dont il étoit ſûr : car il avoit rétabli en Légion ceux qui avoient échappés au maſſacre du pont Milvius & que Galba avoit fait empriſonner, & il promit aux autres Légionnaires de les avancer dans la ſuite. Il joignit à la même flotte avec les Cohortes urbaines, plusieurs Prétoriens, l’élite des Troupes, lesquels ſervoient en même tems de conseil & de garde aux chefs. Il donna le commandement de cette expédition aux Primipilaires Antonius Novellus & Suedius