Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/607

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miere. Je doute cependant, Monſieur, que vous trouviez aiſément le tems & la patience de vous appeſantir à l’examen de chaque touffe d’herbe ou de Mouſſe que vous trouverez en votre chemin. Mais voici le moyen qu’il me ſemble que vous pourriez prendre pour analyſer avec ſuccès toutes les productions végétales de vos environs, ſans vous ennuyer à des détails minutieux, inſupportables pour les eſprits accoutumés à généraliſer les idées, & à regarder toujours les objets en grand. Il faudroit inſpirer à quelqu’un de vos laquais, garde ou garçon jardinier, un peu de goût pour l’étude des plantes, & le mener à votre ſuite dans vos promenades, lui faire cueillir les plantes que vous ne connoîtriez pas, particulièrement les Mouſſes & les graminées, deux familles difficiles & nombreuſes. Il faudroit qu’il tachât de les prendre dans l’état de floraiſon où leurs caracteres déterminans ſont les plus marqués. En prenant deux exemplaires de chacun, il en mettroit un à part pour me l’envoyer, ſous le même numéro que le ſemblable qui vous reſteroit, & ſur lequel vous feriez mettre enſuite le nom de la plante, quand je vous l’aurois envoyé. Vous vous éviteriez ainſi le travail de cette détermination, & ce travail ne ſeroit qu’un plaiſir pour moi qui en ai l’habitude, & qui m’y livre avec paſſion. Il me ſemble, Monſieur, que, de cette maniere vous auriez fait en peu de tems le relevé des productions végétales de vos terres & des environs, & que vous livrant ſans fatigue au plaiſir d’obſerver, vous pourriez encore, au moyen d’une nomenclature aſſurée, avoir celui de comparer vos obſervations avec celles des auteurs. Je ne me fais pourtant pas fort de tout déterminer. Mais la longue