Page:Routhier - Portraits et Pastels Littéraires (sous le pseudonyme Jean Piquefort), 1873.djvu/5

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ment meublé. J’en connais qui phrasent très-bien, et qui n’ont aucune érudition. Or, ceux-là pourront faire une bonne page, jamais un bon livre.

Mais toute jeune qu’elle soit, la littérature canadienne est pleine de promesses, et nous aurons droit d’en être fiers, quand elle sera parvenue à maturité. En attendant, indiquons, lui ses défauts afin qu’elle les corrige, et les qualités qui lui manquent, afin qu’elle puisse les acquérir.

La critique est à l’ordre du jour et M.  l’abbé Casgrain en a posé les principes d’un ton magistral et sentencieux. Il veut qu’elle soit saine et vigoureuse, et qu’elle ne craigne pas de montrer les défauts à côté des beautés véritables.

« Le temps est passé, s’écrie-t-il, des panégyriques littéraires : ces ménagements, ces critiques à l’eau de rose qui avaient leur utilité, qui étaient même nécessaires il y a quelques années, quand les lettres canadiennes en étaient à leur début, seraient fatales aujourd’hui. Ils n’auraient pour effet que d’endormir nos hommes de lettres dans une fausse sécurité, de les faire reposer sur des lauriers éphémères trop facilement conquis ; tandis qu’une vigou-