Page:Ruskin - La Bible d’Amiens.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

laissons maintenant, si vous le voulez, pour une minute ou deux, notre histoire et lisons les leçons de la terre immuable et du ciel.

16. Dans l’ancien temps, quand on allait en poste de Calais à Paris, il y avait environ une demi-heure de trot sur terrain plat de la porte de Calais à la longue colline calcaire qu’il fallait gravir avant d’arriver au village de Marquise, où était le premier relai.

Cette colline de chaux, est à vrai dire la façade de la France ; le dernier morceau de plaine qui est au nord est, l’extrémité des Flandres ; au sud, s’étend maintenant une région de chaux et de belle pierre calcaire à bâtir ; si vous ouvrez bien les yeux, vous pouvez en voir une grande carrière à l’ouest du chemin de fer, à mi-chemin entre Calais et Boulogne, là où fut jadis une rocheuse petite vallée bénie, et qui s’ouvrait sur des pelouses veloutées ; cette région calcaire, élevée mais jamais montagneuse, s’étend autour du bassin calcaire de Paris, vers Caen d’un côté et Nancy de l’autre et au sud jusqu’à Bourges et le Limousin. Ce pays de pierre à chaux avec son air frais et vif, labourable en tous les points de sa surface et tout en carrières sous les prairies bien arrosées, est le vrai pays des Français. Ici seulement leurs arts ont trouvé leur développement original. Plus loin, au sud, ce sont des Gascons ou Limousins, ou Auvergnats, ou autre chose d’analogue. À l’ouest, des Bretons, d’une pâleur de granit, à l’est des Burgondes pareils aux ours des Alpes, ici seulement sur la chaux et le marbre aux beaux grains entre, disons Amiens et Chartres d’un côté, Caen et Reims de l’autre, vous avez la vraie France.

17. De laquelle avant que nous poursuivions l’histoire