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CORRESPONDANCE INÉDITE DU

Si vous croyez que je m’abuse sur quelque point, mandez-le moi avec franchise. De même, si vous m’approuvez. Cette dame est raisonnable sur tout, hors sur le point sensible à son cœur. On la plaint sans la blâmer, mais est-il possible, si elle sait tout, qu’elle s’abuse à ce point et ne sente pas, ou l’inutilité de ses désirs et de ses demandes, ou le danger où elle et lui-même retomberaient si on y acquiesçait. C’est pourtant ce que je lui répète sans cesse, et tout l’univers avec moi……

Je vous recommande les intérêts en tous points de madame de S. et de ses enfants……


Madame de Montreuil a fait informer le marquis de son prochain transfert à Aix. Sa vie et son honneur ne courent aucun risque, mais le ministre en sait trop long sur son compte pour qu’il puisse espérer qu’on lui rende la liberté. (8 juin, du château de la Verrière).

……Vous pensez qu’on a pris le seul parti qu’il y eût à prendre pour tirer M. de S. et les siens de ce fatal jugement. On a cru, et c’est moi qui l’ai exigé, qu’avant d’agir il fallait l’instruire et le rassurer par les précautions qu’on avait prises et qu’il y aurait de la dureté, trop de barbarie même, à le transférer sans l’instruire que sa famille n’exposait ni sa tête ni son honneur. On lui a donc adressé un homme instruit à titre de conseil. Il lui a porté un billet de mon écriture qui lui marquait qu’il pouvait y mettre sa confiance et la consultation de MM. Simeon et Pazery. Le moyen de la démence a paru le révolter ; on lui a dit, comme de fait, que c’était le seul qui pouvait le dispenser de la représentation, au cas qu’il y eût de la répugnance. Il n’en a que parce que le ministre ne veut le laisser aller qu’accompagné et avec sûreté, et on a peine à le persuader que c’est une sûreté pour lui-même, à tout événement. Il a trop d’esprit pour ne pas prévoir qu’après tout ce qui s’est passé depuis l’affaire, et dont le ministre n’est que trop instruit par toutes les plaintes qui ont été portées, il ne doit pas compter que sa justification soit suivie de sa liberté……


Extrait des registres de la geôle des prisons royaux de cette ville d’Aix*.

L’an mil sept sent soixante dix huit et le vingt unième jour du mois de juin le sieur Louis, marquis de Sade, a déclaré venir se remettre aux prisons royaux de cette ville d’Aix pour obéir à justice et purger sa contumace et le sieur Marais, inspecteur de police, a remis au nommé Louis Chaix, concierge d’icelles, l’ordre du roy donné à Versailles le 11 de ce mois en vertu duquel le dit sieur Marais a transféré dans les dits prisons, le dit sieur marquis de Sade et ont signé. Signé : de Sade, et Marais, à l’original.

L’an mil sept cent soixante dix hui et le vingt un jour du mois de juin a la requette de Mr le procureur général du roy, nous, huissier en la cour de parlement de ce pays de Provence soussigné avons écroué sur le