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MARQUIS DE SADE — 1778
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Il est juste que vous vous reposiez, car vous devez être bien fatigué……


Reinaud écrit à M. de Sade après sa rentrée à la Coste et fait part à Gaufridy de l’arrêt rendu par le parlement d’Aix en faveur de Beaumarchais. (Aix, 23 juillet 1778).

Je t’écris, mon cher, pour t’apprendre que le marquis m’a fait part de son aventure. Beaumarchais vient de gagner son procès[1]. L’arrêté de compte a été confirmé, avec dépens et douze mille livres de dommages et intérêts en sa faveur. Il en aurait trente, sans son Tartare[2]. Ses mémoires ont été condamnés à être lacérés par un huissier, Beaumarchais condamné à trois mille livres d’aumône envers les pauvres, à vingt livres envers le roi et aux dépens de cette qualité, avec permission à M. de la Blache de faire imprimer l’arrêt jusques à deux mille exemplaires, en la partie concernant la lacération, et les affiches partout où il voudra. Je me réfère à mes dernières. Fais passer l’incluse au marquis……


M. de Sade, dans sa joie d’être libre, ne tient pas en place. (Sans date).

Je ne vous dis rien pour avoir trop à dire. Il nous faut absolument passer quelques jours ensemble. Quand je veux chercher un article, il m’en vient cinquante à l’idée et je ne sais plus par où commencer. Marquez-moi ce qu’on dit ; jamais, je crois, mon arrivée n’a fait autant jaser. Quand viendrez-vous ? J’ai vu tout le monde. Nous sommes aux petits soins avec le curé ; je crois qu’il est amoureux de moi.

L’affaire de Chauvin me paraît bien sale ; il y a un furieux déchaînement contre lui ; j’ai beaucoup à vous parler à ce sujet……

Je brûle d’aller à Saumane. Vous aurez bien de la peine de m’empêcher d’aller bientôt y faire acte de maître, les pieds m’en démangent et pour cause ; je crains que votre rhétorique ne se brise à me convaincre d’attendre. Tâchez d’être bientôt libre pour y aller ensemble. Gothon enverra toujours la liste de ce qu’il faut ; mais je la signerai et vous voudrez bien ne faire aucun compte de toute liste qui vous parviendrait sans ma signature. Je vous embrasse, toujours plus rempli d’amitié et de reconnaissance pour vous. J’ai écrit des extravagances à Reinaud……


Le marquis reçoit de Valence des nouvelles qui l’inquiètent. (Sans date).

Je vous envoie à la hâte la copie de la lettre que nous venons de

  1. Suite de l’affaire Goëzman-La Blache. Après avoir refusé, une première fois, la lettre d’abolition qui lui était offerte par le roi, Beaumarchais introduisit une requête en cassation contre l’arrêt du parlement toutes chambres réunies, du vingt-six février 1774. La cause fut renvoyée devant le parlement d’Aix. Beaumarchais vint en Provence et y publia de nouveaux mémoires qui eurent un vif succès. Une foule immense lui fit cortège après le prononcé de l’arrêt.
  2. Voir la « Réponse ingénue », in fine, et « Le Tartare à la Légion ». Sur l’arrêt du vingt et un juillet, la « Lettre aux Gazetiers ».