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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


très en l’air à mademoiselle Rousset. Vous vous entendrez avec elle pour l’exécution de toutes les choses dont je l’ai chargée. C’est une amie bien chère et bien respectable ; il est impossible de lui avoir plus d’obligations que je lui en ai. Son âme honnête et sensible est bien faite pour faire délicieusement goûter tous les charmes du sentiment d’une pure amitié. Je lui suis et lui serai toute ma vie bien attaché. Elle s’est conduite comme une bonne et franche amie dans tout ceci, et la reconnaissance eut toujours de grands droits sur mon âme……

Ne passez jamais les baux que pour six ans. C’est une grande duperie de les passer pour neuf. Observez bien cela, je vous en prie.

Quand vous aurez pris les différents papiers dont vous aurez besoin dans mon cabinet, au moyen de l’ordre que je donne à mademoiselle Rousset que j’ai laissée dépositaire de la clef, elle refermera le dit cabinet et fera passer la clef à ma femme, ne voulant pas que ce cabinet soit ouvert davantage sur quelque prétexte que ce puisse être……

Adieu, mon cher avocat. Conservez-moi toujours vos soins et votre amitié et écrivez-moi sous l’enveloppe de madame. Je vous embrasse de tout mon cœur.


Le marquis ajoute une recommandation à sa lettre du premier septembre.

J’ai oublié de mettre dans ma dernière lettre, mon cher avocat, un article auquel je vous prie de faire attention, le voici.

Il doit incessamment (et peut-être cela est-il déjà fait) m’arriver de Paris une lettre tout simplement à mon adresse. Je vous prie instamment, quelques ordres ultérieurs que vous puissiez recevoir à cet égard, de n’envoyer cette lettre nulle part et de me la garder avec le plus grand soin pour ne jamais la remettre qu’à moi.

Lorsqu’à l’avenir je vous parlerai de cet objet je m’exprimerai ainsi : ma commission de Lyon. Je vous dirai : « Je vous recommande ma commission de Lyon », ou : « Ma commission de Lyon est-elle faite ? » Vous m’entendrez et voudrez bien me répondre en conséquence.

Adieu, mon cher avocat. Je ne cesse de vous recommander toutes mes affaires et vous embrasse de tout mon cœur.

Ce 3 septembre, partant pour Paris.

Vous n’aurez pas oublié, j’espère, d’écrire tout à ma femme.


Mademoiselle de Rousset supplie l’avocat de servir le marquis auprès de la présidente. (5 septembre 1778).

……Il vaudra encore mieux faire la guerre avec les insurgents qu’avec moi-même. Mes réflexions me tuent. Je suis réellement malade. Souvenez-vous de l’infortuné qui gémit pour le servir auprès de madame de Montreuil et excusez ses fautes. Il est votre ami, il vous aime sincèrement, vous pouvez lui servir beaucoup pour abréger sa pénitence. Faites-le, je vous