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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/265

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de la vue de ces tombeaux où je voudrais déjà être endormi ? Quelle confiance espérez-vous me donner dans la parole de ce prêtre que j’ai vu égaré par les passions ?

— J’ai voulu te montrer, ô Sténio, répondit le sage, que la vie peut être aussi calme que la mort, et que l’homme peut ressaisir sa raison égarée pour la soumettre à sa volonté toute-puissante. J’ai voulu te montrer quelles sont les forces, les ressources immenses que Dieu a mises en nous, et les biens qui sont à notre portée. Tu vois qu’on peut sans désordre, sans fatigue et sans excès, jouir de ce qu’il y a de plus grand sur la terre : la poésie, la science et les arts. Si tu t’arrêtes ici un instant, tu verras que, dans le sein de cette retraite, les natures les plus puissantes et les plus choisies sont venues se reposer et se retremper en attendant les mystérieux destins de l’autre vie. Tu verras qu’elles y ont trouvé la guérison lente mais certaine de leurs blessures envenimées, l’ex-