Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/318

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échelles qui montent de la terre aux étoiles. L’imagination escalade sans cesse le ciel, l’homme reste engourdi dans son limon. Le cerveau enfante, les actions avortent. Le cœur promet, la main refuse.

Ô mépris et pitié sur tous ces paralytiques qui croient se soutenir, s’entr’aider et qui s’en vont pêle-mêle trébuchant et tombant sur leurs genoux infirmes, sans pouvoir soulever un roseau pour s’aider eux-mêmes ! Pauvres manchots qui parlent de la force de leurs bras ; pauvres boiteux qui se croient toujours prêts à courir ; pauvres menteurs qui répètent, sans honte et sans crainte, les mêmes sermens toujours trahis, les mêmes offres toujours impuissantes !

Mais quel est cet élan mystérieux, incompréhensible, sublime peut-être dans ces ames de boue ? Qu’est-ce que ce besoin d’épanchement, d’affection, qui nous dévore ? Vers quelle ombre de tendresse et de bonté s’élancent ces aspirations du cœur qui souffre, ces