Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

caresses dont je n’avais pas su profiter encore. Mais je résistais à ces menteuses sollicitations de ma souffrance, car je savais bien qu’il n’était pas en lui de la calmer : Dieu seul eût pu le faire, s’il eût daigné amortir la vigueur maladive de mon ame. Alors je combattais ce démon de l’espoir qui veillait avec moi. Je fuyais cette couche voluptueuse et misérable, ce sanctuaire de l’amour qui fut le cercueil où s’ensevelirent toutes mes illusions et toutes mes forces. Je marchais sur le marbre froid de mes appartemens ; je portais ma tête en feu à l’air de la nuit ; puis je me jetais à genoux, et je priais Dieu de me régénérer. Si l’on m’eût promis de renouveler mon sang appauvri dans mes veines, je me serais laissée poignarder comme Éson, et couper par morceaux comme lui.

» Quelquefois dans le sommeil, en proie à ces riches extases qui dévorent les cerveaux ascétiques, je me sentais emportée avec lui sur les nuages par des brises embaumées. Je