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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/383

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Lélia, ne reconnaissant pas dans ce moine chauve et voûté le prêtre qu’elle avait vu jeune et fier peu d’années auparavant, s’arrêta étonnée.

— Mon père, lui dit-elle, adressez-vous à Dieu, son amour est le seul qui puisse consoler.

— Ne te souvient-il plus, Lélia, répondit le moine sans l’écouter, que c’est moi qui t’ai sauvé la vie ? Sans moi, tu périssais dans les ruines du monastère où tu passas deux ans. Tu t’en souviens, femme ? Je me jetai au milieu des décombres près de m’écraser ; je t’emportai, je te mis sur mon cheval, et je voyageai tout le jour en te tenant dans mes bras, et je n’osai pas seulement baiser ton vêtement. Mais, dès ce jour, un feu dévorant s’alluma dans ma poitrine ; en vain j’ai jeûné et prié, Dieu ne veut pas me guérir. Il faut que tu sois à moi ; quand je serai appaisé, je serai guéri ; je ferai pénitence et je serai