Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/70

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tuaire de l’intelligence, diadême fatal imposé à la puissance de l’homme ! Je vous ai souvent invoqués, je me suis souvent prosternée devant vous ! Mon ame s’est offerte souvent sur cette croix, elle a saigné sous ces épines ; elle a souvent adoré, sous le nom de Christ, la souffrance humaine relevée par l’espoir divin ; la résignation, c’est-à-dire l’acceptation de la vie humaine ; la rédemption, c’est-à-dire le calme dans l’agonie et l’espérance dans la mort.

» Le second hiver fut moins paisible que le premier. La patiente résignation avec laquelle j’avais d’abord travaillé à rendre mon existence possible au milieu de l’isolement et des privations m’abandonna l’année suivante. L’indolence et les rêveries de l’été avaient changé la situation de mon esprit et la disposition de mon être physique. Je me sentais plus robuste, mais aussi plus irritable, plus accessible à la souffrance, moins calme à la subir, et pourtant plus paresseuse à l’éviter.