Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Quesnay, et ne fait que répéter ses leçons ; l’autre est le disciple de Rousseau. Ainsi la noblesse a fini par se mettre à l’école de deux prolétaires ; car Quesnay, lui aussi, était le fils d’un ouvrier. Mais la poésie n’offre-t-elle pas, dites-moi, quelque chose d’analogue ?

M. A. — Quant à la poésie française, j’avoue qu’à l’exception d’Ollivier Rosselin, le bourgeois du quinzième siècle, auteur des vaux de Vire, et de Villon, mendiant et voleur, deux fois condamné à être pendu, à ce que dit l’histoire, ce senties nobles qui ont d’abord cultivé les lettres, puis les bourgeois. Au quinzième et au seizième siècle, le clergé donna trois hommes, initiateurs à des titres divers. Jean de Meung, l’auteur du roman de la Rose, Amyot, le translateur des œuvres de Plutarque et de Daphnis et Chloé, et le grand Rabelais, le philosophe. Puis comme s’il avait rougi de tous trois, ce clergé n’en produisit pas d’autres, du moins pour longtemps. Mais les nobles, qui avaient commencé aussi à s’occuper de poésie, continuèrent à fournir des poètes. Il y a même de remarquable que ce furent les princes qui donnèrent le signal : Charles d’Orléans et Thibaut de Champagne au treizième siècle, Charles d’Anjou au quatorzième, le roi René au quinzième, François ler et Charles IX au seizième, cultivèrent la poésie ; combien de princesses alors faisaient des vers et écrivaient des livres ! On a des œuvres de Jeanne d’Albret, de Marguerite d’Autriche, de Marguerite de Navare, de Marguerite de Valois, de Marie Stuart. La poésie prétendait se loger dans les cours.

Jean Marot, le père de Clément, prenait la qualité de secrétaire et poète de la magnanime reine Anne de Bretagne. On citerait difficilement un poêle ou un écrivain un peu connu du seizième siècle, ou du com-