Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/165

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Pour s’eslever au trône et construire une loy,
Son dernier successeur se voit si misérable[1]
Que, pour vaincre le cours d’une faim déplorable,
Il s’aida d’un rabot aussi bien comme moy.
Les révolutions font des choses étranges,
Et, par un saint discours, digne d’estonnement,
L’ange le plus parfait qui fût parmy les anges,
M’a-t-il pas fait horreur dedans son changement ?
Va, ne me parle plus des pompes de la terre :
Le brillant des splendeurs est un esclat de verre.
Un ardent qui nous trompe aussitôt qu’on y court.
Ce n’est pas qu’en passant je ne te remercie ;
Mais pourtant tu sçauras que le bruit de ma scie
Me plaît mieux, mille fois, que le bruit de la cour.

M. A. — Je ne croyais point que maître Adam eût parlé un langage aussi élevé ; je n’avais remarqué en passant que de jolis vers clair-semés, empreints de grâce et de bonhomie :

N’estimait la verve autre chose
Que le gay bouton d’une rose
Qui dans l’âme s’épanouit ;

et ceux-ci encore, qui me rappellent ceux de votre tisserand Magu :

Je ne trouve rien de si doux
Que la demeure de chez nous.

M. Z. — En voici qui sont encore plus proches parents par le sentiment naïf et populaire. C’est maître Adam qui parle :


  1. Le fils de Perséus, dernier successeur d’Alexandre-le-Grand, devint
    menuisier à Rome. Voyez Plutarque.