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M. Ernest Guiraud, devenu, par extraordinaire, critique musical, et M. Gabriel Monod, auteur d’une série de lettres non signées extrêmement intéressantes et très favorables à Wagner.

M. Ernest Guiraud était arrivé à Bayreuth trop tard pour assister à la première série des représentations de la Tétralogie. Il commença donc ses correspondances par le compte rendu de Siegfried[1]. Il paraît n’avoir pas compris grand’chose à l’œuvre de Wagner qu’il juge dans les mêmes termes qu’un vulgaire opéra, mais ses impressions ont le caractère de la sincérité.

Le premier acte, « à part quelques phrases épisodiques et surtout la façon ingénieuse dont elles sont orchestrées, ne m’a pas paru bien saillant. Il se relève pourtant à la fin, avec le chant de Siegfried au moment où celui-ci forge une épée enchantée. Cette chanson de géant, au souffle puissant, a des accents héroïques et étranges. »

« Le second acte est encore plus terne que le premier. Sauf une scène où l’orchestre joue un rôle charmant, tandis que Siegfried est couché au pied d’un arbre, je n’ai rien entendu qui m’ait frappé. Je passe sur le début du troisième, qui renferme quelques beaux accents, car j’ai hâte d’arriver au grand duo d’amour qui termine l’opéra. Là, M. Wagner a enfin trouvé un superbe morceau… Le réveil de la Walkyrie est absolument délicieux. »

  1. Numéro du 22 août 1876.