Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/141

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ACTE PREMIER


SCÈNE I

À Londres. — Une antichambre du palais.
LE DUC DE NORFOLK entre par une porte, LE DUC DE BUCKINGHAM et LE LORD ABERGAVENNY entrent par une autre porte.

BUCKINGHAM.— Bonjour ; je suis enchanté de vous rencontrer. Comment vous êtes-vous porté depuis que nous nous sommes vus en France ?

NORFOLK.— Je remercie Votre Grâce ; à merveille, et toujours dans une admiration toute nouvelle de ce que j’y ai vu.

BUCKINGHAM.— Une fièvre survenue bien à contre-temps m’a retenu prisonnier dans ma chambre le jour que ces deux soleils de gloire, ces deux lumières se sont rencontrés dans la vallée d’Ardres.

NORFOLK.— Entre Guines et Ardres ; j’étais présent. Je les vis se saluer à cheval. Je les vis lorsqu’ils mirent ensuite pied à terre, se tenir si étroitement embrassés qu’ils semblaient ne plus faire qu’un. S’il en eût été ainsi, quelles seraient les quatre têtes couronnées capables entre elles de contre-balancer un roi ainsi composé ?

BUCKINGHAM.— Tout ce temps-là je restai emprisonné dans ma chambre.

NORFOLK.— Eh bien, vous avez donc perdu le spectacle des gloires de ce monde. On peut dire que jusqu’alors les pompes avaient vécu dans le célibat, mais qu’alors chacune d’elles s’unit à une autre qui la surpassait. Chaque jour enchérissait sur le jour précédent, jusqu’au dernier, qui rassembla seul les merveilles de tous les