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ACTE V, SCÈNE II.

César.

Dis-lui d’avoir bon courage ; elle apprendra bientôt, par quelqu’un des nôtres, quel traitement honorable et doux nous lui réservons. César ne peut vivre que pour être généreux.

Le messager.

Que les dieux te gardent donc !

(Le messager sort.)
César.

Approche, Proculéius ; pars, et dis à la reine qu’elle ne craigne de nous aucune humiliation ; donne-lui les consolations qu’exigera la nature de ses chagrins, de peur que dans le sentiment de sa grandeur elle ne déjoue nos intentions par quelque coup mortel. Cléopâtre, conduite vivante à Rome, éterniserait notre triomphe. — Va, et reviens en diligence m’apprendre ce qu’elle t’aura dit, et comment tu l’auras trouvée.

Proculéius.

J’obéis, César.

César.

Gallus, accompagne-le. — Où est Dolabella, pour seconder Proculéius ?

(Gallus sort.)
Agrippa et Mécène.

Dolabella !

César.

Laissez-le ; je me rappelle maintenant de quel emploi je l’ai chargé… Il sera prêt à temps. — Suivez-moi dans ma tente ; vous allez voir avec quelle répugnance j’ai été engagé dans cette guerre, quelle douceur et quelle modération j’ai toujours mises dans mes lettres. Venez vous en convaincre par toutes les preuves que je puis vous montrer.



Scène II

Alexandrie. — Intérieur du mausolée.
Entrent CLÉOPÂTRE, CHARMIANE et IRAS.
Cléopâtre.

Mon désespoir commence à se calmer. C’est un pauvre honneur que d’être César ; il n’est pas la fortune, mais seulement son esclave et un agent de ses volontés. Il est grand de faire ce qui met un terme à toutes les autres actions, ce qui enchaîne les accidents, emprisonne toutes les vicissitudes, ce qui endort et em-