Veillez, je vous prie, monseigneur, à ce que ces comédiens soient bien traités. Entendez-vous ? qu’on ait pour eux des égards ; car ils sont le résumé, la chronique abrégée des temps. Mieux vaudrait pour vous une méchante épitaphe après votre mort que leurs blâmes pendant votre vie.
Monseigneur, je les traiterai conformément à leurs mérites.
Morbleu ! l’ami, beaucoup mieux. Traiter chacun d’après son mérite, qui donc échappera aux étrivières ?… Non. Traitez-les conformément à votre propre rang, à votre propre dignité. Moins vos égards seront mérités, plus votre bienveillance aura de mérite. Emmenez-les.
Venez, messieurs.
Suivez-le, mes amis ; nous aurons une représentation demain.
Écoutez-moi, vieil ami pourriez-vous jouer le meurtre de Gonzague ?
Oui, monseigneur.
Eh bien ! vous le jouerez demain soir. Vous pourriez, au besoin, étudier une tirade de douze ou quinze vers que j’écrirais et que j’y intercalerais ? Vous le pourriez, n’est-ce pas ?
Oui, monseigneur.